Entre euphorie et frustration

Autoportrait sur la terrasse du Pyramids View Inn
Vous avez vu cet autoportrait d'Andréanne et moi sur la terrasse de notre Bed & Breakfast ce matin? Seulement 40$ pour la nuit... génial, n'est-ce pas? C'est donc enthousiastes que nous sommes arrivés au Pyramids View Inn, après un parcours encore endiablé avec notre chauffeur de la veille. L'endroit a tenu ses promesses : vue des pyramides de notre chambre, mais surtout de la terrasse aménagée sur le toit, avec espace pour prendre un thé ou un repas et même assister au spectacle de son et lumière sans avoir à payer le gros prix des touristes assis de l'autre côté de la rue... Wow!


Après avoir bu un thé et installé nos affaires, on descend donc découvrir les alentours, photographiant les gens qui vivent ici. Puis, on entre dans l'enceinte des pyramides : 80 L.E. (livres égyptiennes) par personne (un peu plus de 12$). À la réception de l'hôtel, on nous a bien avisé de dire non à toute offre, ce qu'on fait dès notre entrée, car on nous propose de tout : guides, chevaux, dromadaires, calèches... il n'y a pas de limite. Le temps est bon, le ciel est bleu... 


On commence par le Sphynx. Un jeune homme nommé Abdel nous accueille, expliquant qu'il travaille ici, donc qu'il ne demande pas d'argent. Il a étudié en histoire et nous donne des précisions, nous propose des endroits pour nous ressourcer ou faire le plein d'énergie... Abdel fait aussi des photos de nous dans des situations plus comiques les unes que les autres, comme Andréanne donnant un bisou au Sphynx ou moi qui lui donne un coup de poing au menton. Il est très habile avec la caméra, nous plaçant exactement où il faut... il connaît très bien son environnement. Il nous parle aussi de Mohammed qui travaille ici depuis 35 ans et que nous croisons... inévitablement. 


Ce dernier nous demande ce que nous souhaitons faire. Je réponds que c'est ma quatrième présence sur ce site, que je connais bien l'endroit et que tout ce que nous recherchons, c'est un guichet automatique pour retirer des livres égyptiennes et visiter à notre aise. Pas de problème, répond Mohammed. Mais si vous voulez visiter l'intérieur de la grande pyramide, il faut y aller maintenant car ça ferme à 15 h. Sans que nous ayons le temps de réagir, il envoie Abdel devant pour acheter les billets... vous me rembourserez plus tard, explique-t-il. Nous voilà alors pris dans un tourbillon que nous ne contrôlons déjà plus. Ils sont très gentils, mais ils ont déjà pris le contrôle, nous éloignant du guichet et nous avançant du coup les 400  L.E. (62$). Photos interdites, je dois laisser mon appareil à mon ami Abdel.


On entre donc dans la pyramide de Khéops que j'avais escaladé de nuit, même si c'était interdit, en 1981, avec Lucie, la mère de mes enfants. Andréanne n'en revient tout simplement pas en voyant la hauteur des blocs et de la grande pyramide que nous ayons pu faire ça de nuit par surcroît, à 4h du matin, pour assister au lever du Soleil! Ce ne serait plus possible de répéter l'exploit aujourd'hui puisque l'enceinte a été entièrement clôturée. 

Puis nous pénétrons dans le couloir qui nous mène à une montée étroite et basse, où je marche courbé. Je me rappelle qu'à l'époque, j'avais fait ce trajet en écoutant la chanson Eye in the sky du groupe Alan Parson Project avec mon Walkman. Par moment, l'air semble manquer, mais on arrive enfin à un espace plus vaste, plus haut, où on respire déjà mieux. On grimpe encore quelques centaines de mètres puis on bifurque pour ramper sur une dizaine de mètres dans la chambre funéraire. Je retrouve alors le bloc de granit dans lequel je m'étais déjà étendu... et répète l'expérience. C'est très impressionnant de se concentrer alors sur les millions de tonnes de pierres qui sont superposées au-dessus, sans bouger, depuis plus de 4500 ans!

De retour à l'air libre, Abdel et Mohammed nous attendent. Ils nous demandent si nous avons aimé et ce que nous voulons faire maintenant. Je veux visiter le petit musée qui abrite la barque solaire de Khéops. Naturellement, Abdel court acheter les deux billets à 30 L.E. chacun. Un autre 9$ qui s'additionne comme ça, mine de rien. Un musée impressionnant, où on a reconstitué cette barque de 43,5m de long trouvée au pied de la grande pyramide en 1954. Un autre guide s'amuse, à l'intérieur du musée, à nous proposer des poses avec la barque... s'attendant à une récompense à la sortie. Et ce n'est pas fini.

À la sortie, Mohammed nous propose de se rendre en calèche à un point d'où on peut voir les neuf pyramides. Andréanne et moi répondons que nous préférions marcher... et la calèche apparaît! On nous embarque, on nous amène. Soudain, Mohammed dit avoir perdu son porte-monnaie en chemin. Abdel, qui nous suit à cheval, retourne pour le chercher. Il nous raconte, chemin faisant, qu'il a quatre enfants à faire vivre, que les temps sont difficiles (on sent que la facture monte...) Le point de vue est en effet très intéressant. Mais là encore, on nous propose des choses que nous n'avions pas prévues, comme monter à dos de dromadaires, ne serait-ce que pour faire quelques photos, avec turbans fournis! Puis un autre guide apparaît, pour nous faire grimper sur la troisième pyramide, Mykérinos. Encore plein de photos. Puis la visite de tombes découvertes récemment, un peu hors-circuit. Et là, les demandes commencent. Le dernier guide qui nous a fait faire un petit tour réclame 400 L.E. Non, que je réponds, il n'a jamais été question de ça. Bref, c'est exagéré et j'imagine la suite. Si c'est 400 pour lui, qu'est-ce que ce sera pour les autres qui nous accompagnent de puis des heures.

C'est là que la frustration embarque. L'heure des comptes est arrivée. Finalement, c'est 200 L.E. (30$) pour le dernier guide, que notre ami Mohammed va encore avancer. En fin de course, il nous annonce qu'on lui doit donc 900 L.E. (140$), pour les deux entrées de la grande pyramide, le musée de la barque, le dernier guide, les dromadaires pour les photos... et ça ne comprend pas son traitement, celui de la calèche et d'Abdel. Donne ce que tu veux, donne avec ton cœur. Je réponds alors que nous n'avions pas prévu dépenser plus de 800 L.E. (125$) en venant aux pyramides aujourd'hui et que tout ça me semble maintenant démesuré!

On nous conduit enfin au guichet où on terminera la transaction pour 1600 L.E. (250$), le double! Bref, on a vu de bien belles choses, mais on nous a bien eu... moi particulièrement qui ai pourtant l'expérience de l'Égypte. D'où mon titre, Entre euphorie et frustration.

On revient à l'hôtel. Le Soleil tombe sur les pyramides. On prend une bière puis un repas typiquement égyptien, des viandes grillées et des salades sur la terrasse, juste avant la présentation du spectacle Sons et lumières que nous n'aurons pas eu à payer. Au moins, l'hôtel est économique!

1 commentaire:

  1. Avouons que vous n'avez pas respecté les consignes données à l'hôtel: ne rien accepter!

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